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Voyages humanitaires asiatiques au coeur des gens / @ Tous droits réservés
5 décembre 2013

Cambodge: l'histoire d'une pauvre veuve et de ses deux filles

L’histoire d'une pauvre veuve cambodgienne et de ses 2 filles.

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Mme Pheach est née dans une famille pauvre. Elle a 39 ans et elle a 7 frères et sœurs. Elle est la 3e enfant de la famille. Elle a grandi dans un village rural .


«Mes parents sont tous les deux agriculteurs. Quand j'étais adolescente, j'étais bonne dans mes études. Malheureusement mes parents ne pouvaient pas se permettre de me soutenir. J’ai abandonné l’école en 7e année. Ensuite, je suis devenue agricultrice afin d’aider mes parents dans la rizière. Ma sœur aînée était toujours malade et elle ne pouvait guère travailler et comme mon frère aîné était soldat, je suis devenue la ressource principale de la famille. Je devais faire toutes sortes de travaux d’homme comme le labour, le hersage, construire des toits en chaume, poser du carrelage, etc.

Je me suis mariée quand j'avais 18 ans avec un homme illettré qui était militaire. Comme mes parents devaient nourrir 6 de leurs 7 enfants, j'ai dû aller vivre avec mon mari dans son village situé à 4 heures en vélo dans une petite maison toute cassée. Nous nous contentions de vivre « des mains à la bouche ». La plupart du temps, j'empruntais du riz non cuit des voisins villageois, que nous mangions avec du sel ou de la saucisse de poisson.

Je n'avais qu'une petite terre pour cultiver le riz.

Ma vie était devenue trop difficile à vivre là-bas, j'ai alors décidé de demander l'aide de ma mère après la naissance de ma fille que j’ai appelée Leakhena. Comme je n'avais pas trouvé de vélo à emprunter à mes voisins, je devais marcher du matin jusqu’autour de 15 heures avec ma fille dans les bras. Mon mari et moi avons après cela habité temporairement avec mes parents.  Nous vivions avec eux mais nous mangions séparément.

Les mois passèrent et la vie devint de plus en plus difficile. Mon mari décida enfin de chercher un autre travail dans la province de Koh comme ouvrier du bâtiment tandis que j'étais déjà enceinte de 6 mois. À partir de ce moment, il m'a laissé seule avec notre fille. Je n'ai eu de ses nouvelles qu’un mois après la naissance de notre deuxième fille que j’ai appelée Pisey. Un de ses amis m’annonça alors le décès de mon mari suite à une très sévère malaria. J’ai tellement pleuré prenant en pitié mes deux petites filles devenues orphelines. Pour payer les obsèques de mon mari, j’ai dû vendre le petit terrain que m’avaient offert mes parents. Après le décès de mon mari, ma maman me demandait parfois si je consentirais à avoir un autre homme dans ma vie pour m’aider à prendre soin de mes enfants. Je refusais toujours cette proposition pensant qu’un beau-père ne soit jamais vraiment bon pour les enfants de sa nouvelle femme.

Ma vie est devenue désespérée, la mort de mon mari me laissant plus de responsabilités à assumer seule. Je gagnais de l'argent pour survivre seulement une demie ou au maximum une journée. Pendant la saison des pluies, je travaillais chez des villageois afin de gagner de petites sommes d'argent au quotidien. Je devais laisser la garde de mes jeunes filles à ma vieille maman.

Étant une mère qui avait abandonné l'école, je m’étais promis que je sacrifierais  ma vie, mon cœur et mon âme aussi fort que je pourrais pour éviter à mes filles d’ arrêter d’aller à l’école.

Quand mes filles furent d'âge scolaire, je les ai envoyées à l'école et mes dépenses sont devenues inabordables. Je les ai donc confiées à ma maman et je suis allé à Phnom Penh travailler dur dans une usine avec ma petite soeur. Après un an comme travailleuse d’usine, j’ai réalisé que mon salaire parvenait à peine à me loger et à me nourrir. Je suis donc revenue dans mon village.

Dans mon temps libre, hors de mon travail de fermière, à l’école primaire de mes enfants, je dirigeais une petite entreprise scolaire, qui vendait des gâteaux frits aux petites crevettes, des confiseries, des bananes frites et des tomates rôties. Cela me permettait de gagner de l’argent pour payer les livres, les uniformes, les stylos et autre matériel.

En dehors de leur travail scolaire, mes enfants m'aidaient à vendre mes produits à l'école, à cueillir les fruits du tamarinier et à vendre des plantes ménagères au marché pour que nous ayons de l'argent pour acheter le stricte nécessaire et de la nourriture chaque jour. Pendant leurs vacances j'ai fait de petits gâteaux frits quelles sont allées vendre de porte à porte ainsi qu’aux boutiques du marché.

Le soir, je devenais professeur et on passait en revue les leçons. Elles ont vraiment aimé apprendre tant à la maison qu’à l'école. Mes filles et moi nous voulions vivre comme cela jusqu'à ce qu'elles aient terminé leur école primaire.

Contrairement à avant, à l’école secondaire, elles étudiaient le matin et l’après-midi de sorte qu'elles avaient moins de temps pour m'aider. Comme elles avaient grandi et qu’elles étudiaient davantage, la charge était devenue très lourde à porter pour moi. Parfois, elles furent sur ​​le point d’abandonner leurs études. Elles n'avaient pas de vélo pour aller à l'école ; elles devaient marcher 30 minutes pour s’y rendre chaque fois tandis que d'autres étudiants s’y rendaient en vélos ou à motos. Je voulais avoir un vieux vélo pour elles. J’ai donc emprunté de l'argent de mes voisins pour en acheter un. Jours après jours, j'essayais d’économiser autant que je le pouvais. En général, je ne mangeais que des crabes , des coquillages et de petits poissons que je pouvais trouver par moi-même sur le champ de riz et des légumes cultivés autour de la maison parce que je n'avais pas d'argent pour en acheter au marché.

 

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Je ne mangeais pas suffisamment pour tout le travail que je faisais. J’étais très fatiguée.Parce qu'elles grandissaient, mes filles mangeaient plus ; parfois je leur disais que je n'avais pas faim afin qu'elles puissent profiter du peu nourriture disponible. J'ai continué à travailler pour les villageois en les aidant dans le champ de riz, à la saison des pluies, à partir de tôt le matin jusqu'à tard le soir pour gagner seulement 4000-6000 riels par jour (1.50$) pour permettre à mes enfants d’étudier. J'ai aussi élevé un buffle femelle dans l'espoir de le vendre un jour que j’aurais à rembourser beaucoup d'argent. J'ai emprunté de l'argent auprès des villageois, de mes sœurs et j'ai vendu un autre lopin de terre pour les aider à continuer à étudier jusqu'à ce qu’elles aient terminé leur école secondaire.


L'année dernière, j'étais tellement heureuse quand ma première enfant a terminé son école secondaire, mais en même temps j'étais tellement inquiète des dépenses futures à venir car mon deuxième enfant était sur ​​le point de terminer ses études secondaires aussi. Je leur demandais toujours ce qu'elles voulaient devenir dans l'avenir, mais elles n'osaient même pas répondre comme elles savaient que nous n'avions pas assez d'argent pour une éducation supérieure. Ma première fille m'a parfois dit qu'elle voulait devenir un bon médecin alors que je n'avais jamais osé rêver à ce sujet. Elle était une bon élève à l'école secondaire, elle a étudié très dur parce qu'elle voulait obtenir le meilleur score pour être admissible à une bourse de l'université. Mais je lui ai dit que même si l'université lui accordait une bourse, je n’avais pas encore l'argent pour la nourriture, le logement et autres dépenses.

Maintenant, elles ont déjà terminé toutes les deux leurs études secondaires et mes dépenses grandissent sans cesse. Je voudrais qu’elles fassent l'université. Je n'ai plus rien à vendre de plus, sauf ma maison, et je suis criblée de dettes. Je pense que mon espoir a disparu parce que je ne peux même pas me permettre de supporter une seule de mes filles. J'ai déjà essayé pour les 18 dernières années de traverser tous les obstacles de ma vie mais c’est très difficile quand on est si pauvre. Je gagne seulement 100 à 200$ par an en vendant du riz non décortiqué. Comment puis- je me permettre d’envoyer mes filles étudier à l'université ? Je leur dis donc que si elles veulent poursuivre leurs études, elles doivent subvenir à leurs besoins. Je suis tellement inquiète pour leur avenir car les dépenses sont trop importantes pour l’envisager. 

 

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« Mon nom est Nak Leakhena, j’ai 20 ans . J'ai une soeur plus jeune que moi. Le nom de ma mère est Pheach, elle est agriculteur. Mon père est décédé quand je n’avais que 4 ans.
À 7 ans, j'ai été envoyée à l'école avec les autres enfants du village. Ma sœur et moi avons toujours aidé ma mère à vendre des choses à manger à l'école comme des bananes frites, des bonbons et des gâteaux frits avec de petites crevettes. Pendant la saison des pluies, nous avons également travaillé dans le champ de riz. Parfois, j'ai travaillé pour des villageois en échange seulement d’une petite somme d'argent. Après le travail aux champs, sur le chemin du retour, nous ramassions des crabes, des coquillages, des escargots et attrapions des sauterelles afin de subvenir à notre alimentation quotidienne .
Pendant la saison des récoltes, ma mère coupait les plants de riz que ma sœur et moi ramassions et transportions à la maison parce que nous n'avions pas d'argent pour louer un char à bœufs. Dans la soirée, après avoir mangé un peu, nous devions continuer à travailler au battage du riz jusqu’à tard dans la nuit avant d'aller au lit. Nous devions nous réveiller tôt le matin pour continuer le battage jusqu'à ce que l’heure d'aller à l'école arrive. Le week-end, ma sœur et moi allions souvent sur ​​le terrain pour recueillir les plants de riz restants, éparpillés un peu partout dans les champs .
À l'école secondaire, ma vie est devenue plus difficile. J'ai presque laissé tomber l’école en 10e année afin d'aider ma mère et ma sœur. Je savais que ma mère aurait toujours voulu, jusqu’à son dernier souffle, que j'apprenne et elle n'aurait jamais voulu que je devienne une fille analphabète ou une ouvrière d'usine. Comme, je me sentais souvent déprimée, mes résultats scolaires ont baissé pendant une période de temps .


En 11 e année, mes études allaient mieux alors que je travaillais très fort. Pour ne pas détruire le rêve de ma mère, je devrais passer avec succès les examens du secondaire l’année suivante. En 12 e année, mon professeur m'a demandé ce que je voulais devenir dans l'avenir mais je n'ai pas répondu car j'avais peur d'être ridiculisée par mes camarades de classe. Mon souhait secret était de devenir médecin ou infirmière. Mes oncles m'ont demandé à plusieurs reprises la même question, et puis à la fin, j’ai exprimé clairement mon rêve. Mon oncle m'a dit qu’il fallait étudier très dur pour devenir médecin et il m'a aussi dit que seulement un excellent score à l'examen provincial pouvait me faire admettre à l'université. Toutefois, ma mère ne pouvait défrayer le coût de mes études.

Par la suite, j'ai continué à étudier très fort et j'ai aussi aidé ma mère à la rizière. Parfois, ma mère me disait ne pas savoir de quelle façon elle pourrait me soutenir pour obtenir un diplôme de médecin.

 

Leakhena and Mother

Madame Pheach et sa fille ainée Leakhena: on dirait deux sœurs !

L'année dernière, j'étais tellement heureuse d’avoir passé l’examen de mon lycée avec un bon résultat : (C). La note C n'est pas la meilleure mais elle est suffisante pour faire application pour une bourse d’études en médecine ou en sciences infirmières à l'université. Ma mère m'a dit que si j'étais sélectionnée pour une bourse, elle ne pourrait toujours pas me soutenir pour les autres frais tels que la location de la chambre, la nourriture, les vêtements et le matériel. J’avais alors l’impression que mon rêve venait de disparaître de moi et qu’il ne reviendrait jamais.

J’ai alors décidé de partir avec mon oncle et d’aller vivre à la ville. J’essaierais d’y trouver un emploi afin d’économiser de l'argent pour étudier pour un baccalauréat en finances au lieu de la médecine parce que la scolarité est moins chère et moins longue.
Comme dans cette ville il y a une université qui offre une formation médicale, si je trouve du soutien financier pour mes études, je vais étudier comme professionnelle de la santé pour ressusciter mon rêve à nouveau. »

 

Pisey2

« Mon nom est Nak Pisey. J’ai 17 ans et je n'ai qu'une sœur aînée. Le nom de ma mère est Pheach. Elle est agriculteur. Le nom de mon père est Nak. Il est décédé quand j'étais âgée de 1 mois. Je suis une orpheline. Je n'ai jamais vu le visage de mon père  sauf sur une vieille photo le jour de son mariage. Quand j'étais un petit enfant, ma vieille grand-mère prenait soin de moi pendant que ma mère travaillait à la rizière. On m'a dit que mes jambes et mon corps étaient attachés à une colonne de la maison pour m’empêcher de tomber et pour que je ne parte pas ailleurs.
A 6 ans, j'ai été envoyée à l'école primaire à proximité. Au niveau 2, dans mes temps libres, j'aidais ma mère à vendre à l’école des gâteaux, des bananes frites, des bonbons et ainsi de suite. J’ai aussi vendu des plantes domestiques au marché. Je pouvais ainsi faire de petits bénéfices pour acheter du matériel pour mes études. Parfois, j'ai emprunté de l'argent de ma grand-mère pour acheter des bonbons en sucre. Je les coupais en morceaux pour aller les vendre avec ma maman .


À l'école secondaire, j'ai dû étudier à temps plein donc je ne pouvais plus aider ma mère. Outre son travail d'agriculteur, elle avait installé un petit kiosque devant notre maison pour vendre des produits pour soutenir notre vie. Cette petite entreprise ne rapportait pas  assez d'argent pour subvenir à mes besoins parce que ma sœur était également à l’école secondaire. Ma maman a donc changé fréquemment de travail en fonction des saisons. Dans nos temps libres, nous aidions notre mère aux champs. Notre terre était à environ 4 kilomètres de la maison et comme nous n’avions pas de char à bœufs, nous transportions les récoltes à vélo. La route n'était pas en bon état et il nous fallait beaucoup d'efforts pour y arriver. Pendant la saison des récoltes, après le repas du soir à la maison, j'aidais ma maman jusqu'à tard le soir pour terminer tous les travaux de battage.

Ma mère ne m'a jamais permis de jouer comme les autres enfants. Elle me disait que mon devoir était d’étudier, d’apprendre et de l’aider.


Ma sœur a terminé son école secondaire une année avant moi. L'année dernière  ma mère a dû soutenir ma soeur et elle doit maintenant me soutenir aussi. Elle a vendu les terres, elle a emprunté de l'argent de ses frères et sœurs, et elle a essayé tout ce qu'elle pouvait. Quand elle est malade, elle dépense rarement 100 riels (.02 cents) pour acheter des médicaments.

L’anglais, le chinois et japonais sont les langues que je souhaiterais pouvoir parler. Je voudrais travailler comme hôtesse de l’air, mais mon rêve ne semble pas pouvoir se réaliser.

Mon deuxième souhait est que je voudrais devenir professeur d'anglais mais je n'ose plus le souhaiter car je suis trop pauvre. »

 

Leakhena and Pisey at Pagoda

Les deux sœurs Leakhena et Pisey sont inséparables et elles se protègent l’une l’autre dans leur nouvelle aventure urbaine très loin de leur courageuse maman qui leur manque beaucoup. De leur mère elles ont appris le courage, l'espoir et la persévérance. Beau modèle de vie de femme à poursuivre tout au long de leur existence.

SI VOUS DÉSIREZ VENIR EN AIDE À CES DEUX JEUNES FEMMES POUR LEUR PERMETTRE DE RÉALISER LEURS RÊVES D'ÉTUDES,

Merci de nous envoyer un message dans la section COMMENTAIRE ci-dessous.

Une réponse rapide vous sera faite vous indiquant comment faire

pour participer directement à leur projet.

 

L'espoir est un fluide nécessaire à l'homme comme l'eau à la terre,

il déclenche des forces insoupçonnées de la nature humaine.

Lauréanne Harvey (écrivaine québécoise)

 

 

 

 

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