Cambodge : visite à Chikang (9 ans) qui habite avec sa maman (45 ans). Tous les deux sont séropositifs.
Se rendre visiter Chikang et sa maman est toute une aventure. Il faut faire plusieurs heures de routes en moto en se protégeant bien du soleil et surtout de la pollution créée par la poussière. Sonsun est très prudent comme conducteur. Ça rend le trajet très agréable et détendu.
Nous offrirons 50 kilo de riz à la famille. Il faut choisir un riz nutritif et de bonne qualité.
Sonsun est excellent pour négocier le prix du sac de riz.
Le tout est chargé sur la petite moto. Cinquante kilo posés devant le conducteur ça protège aussi bien qu'un coussin gonflable de voiture.
Pour le repas du midi en famille, nous achetons du poulet fraîchement grillé sur des bouts de bambou.
Nous empruntons une route en terre qui conduit jusqu'à la modeste cabane de Chikang. À chaque passage d'une moto, d'un tracteur ou d'un camion, on doit s'arrêter car la poussière nous bloque totalement la vue.
Nous voilà devant l'habitation familiale d'une seule pièce. Elle est en très mauvais état. Les murs s'effondrent, le toit coule et la charpente est dangereusement abîmée. Grâce à la générosité des donateurs occidentaux, tout sera refait dans les semaines qui viennent.
Sopha, le demi-frère de 13 ans, vient vers nous. C'est un risque que nous prenions de rendre visite sans préavis. Mais comment faire pour s'annoncer. Ici, pas d'eau, pas d'électricité et encore moins de téléphone. Nous sommes en pleine brousse.
Et voilà Chikang toujours aussi dynamique, enjoué, vivant et souriant. Ça fait plusieurs mois que nous ne nous sommes pas rencontrés. Il est manifestement très très heureux de nous revoir.
Chikang et sa maman sont des êtres courageux et continuellement souriants malgré leur extrême pauvreté et leur état de santé précaire. Ils sont tous les deux atteints du virus du sida. L'hôpital pour enfants d'Angkor fournit gratuitement les médicaments à Chikang et un soutien social à la famille monoparentale.
Souvent ils n'on rien à manger et c'est alors qu'ils se rendent à la pagode pour manger les restants de nourriture des bonzes avant qu'on ne les donne aux chiens.
Nous accompagnons Chikang, sa maman et son frère aîné depuis plusieurs années. Le grand frère étant né d'un papa différent n'est pas atteint du sida.
C'est très encourageant car avec la trithérapie, leurs systèmes immunitaires se sont non seulement stabilisés mais également renforcis.
Pour sa propre consommation et aussi pour vendre à ses voisins, la maman de Chikang a fait un magnifique jardin de légumes et d'herbes.
Dans la maison tout est propre et bien rangé. On suspend les denrées périssables dans des sac plastiques pour éviter que les rats ou les poules ne les mangent. À droite, un réservoir-filtre qui a été offert pour rendre l'eau potable. Les murs sont en papier noir de construction. Dans le sac à main beige se retrouvent tous les avoirs de la maman. Tous dorment au fond, à gauche, par terre sur des nattes. Les filets-moustiquaires protègent des nombreux moustiques vorasses qui envahissent l'espace pendant toute la nuit: les lattes du plancher sont espacées et l'habitation est située tout près de la rivière.
L'espace cuisson est tout à côté avec des bouts de bois pour faire le feu afin de cuire le riz.
Sonsun annonce la venue prochaine du repas. Tous se précipitent et salivent à la vue de ce succulent poulet grillé.
Sonsun a tout prévu : poulet grillé, riz aux légumes, soupe et petits gâteaux.
Plus personne ne parle : on mange, mange et mange.On se régale.
Chikang mange comme trois. Vraisemblablement, ça fait plusieurs jours qu'ils n'ont pas eu de vrai repas.
Après s'être bien rempli la panse, Chikang et son cousin ont besoin d'exercices. On s'épivarde aux champs.
On rigole, on gesticule, on danse, on chante comme dans un grand moment de gratitude.
La journée est terminée et nous avons une longue route de retour à parcourir. On se dit au revoir sans afficher de tristesse. On se quitte éblouis par ces radieux sourires qui nous sont offerts.
Chikang nous dit AKUN TCHRANG (MERCI BEAUCOUP) en joignant ses deux petites mains.
Sa maman m'offre généreusement ce magnifique foulard khmer typique de son pays.