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Voyages humanitaires asiatiques au coeur des gens / @ Tous droits réservés
27 mars 2009

Les Khamus du Laos et le Baçi.

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Les villageois de l'ethnie des Khamus préparent pour moi la cérémonie du Baçi.

Ça tombe pile avec mon départ du Cambodge.

Bel enseignement pour moi : le retour des choses se produit toujours assez rapidement mais pas là où on l'aurait imaginé. Comme si les Khamus avaient de la gratitude pour ce que j'avais fait pour les Khmers.
C'est Phat qui a tout organisé avec son père.

Dès l'aube, nous irons nourrir les bonzes, dont son frère novice.
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Ensuite, nous achèterons plein de bons légumes au marché de Luang Prabang.
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Le poisson sera le met principal : nous les acheterons vivants car nous avons une longue distance à parcourir pour nous rendre à moto au village Khamu.
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Le frère de Phat qui est novice, nous attend de l'autre côté du Mékong. Il est tellement heureux de revoir sa famille après plusieurs mois. Nous parcourons une longue route de rivières et de montagnes et de poussière pour enfin arriver à un village très retiré.
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Les grands parents, comme le veut la tradition, sont les premiers à nous recevoir. Ils sont très heureux de revoir leur deux petits-fils : Phat et son frère novice. C'est aussi pour P1030696eux un honneur de recevoir un étranger.













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Toute la famille est présente : le père, la mère, les deux filles et les trois garçons, l'oncle et les grands parents sans compter les nombreux voisins qui se sont joints à la famille. Nous sommes une bonne soixantaine de personnes dans la maison dont plusieurs hommes qui fument abondamment.
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Les voisines sont venues aider à la préparation du repas. Notre poisson est transformé en bouillie épicée : c'est un plat local recherché. On le mangera avec le riz gluant.
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Soupe, légumes cuits et salade accompagneront le repas. Les Khamus ont un esprit communautaire développé.

On fera la cuisine pour permettre aux hôtes d'être disponibles pour leur invité : l'étranger du bout du monde.

Mais avant de manger, on participera à la cérémonie du Baçi pour l'étranger.
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Le Baçi est communément appelé Soukhouan, ce qui signifie appel et réception de l'âme.
Il remonte avant l’arrivée du bouddhisme. Cette cérémonie célèbre un événement spécial:
une naissance, un mariage, l’entrée du novice au temple, la demande de guérison
ou la venue de visiteurs spéciaux. La tradition admet que les trente-deux parties de notre corps possèdent chacune une âme. L'âme est vagabonde et ne demande qu'à quitter le corps. Le jour de la cérémonie, le prêtre ne l'oubliera pas et invitera chacune des âmes à réintégrer sa partie.
C’est l’appel de l’âme et de ses 32 forces vitales : 20 héritées du père et 12 de la mère. La perte de certaines de ces forces peut entraîner la maladie. La réunification des âmes multiples du corps ramène l’équilibre physique et intérieur.
À la mort, ces forces quittent le corps, se fusionnent à d’autres forces vitales pour ensuite se réincarner.

On préparera, à l'avance, le pha khouan (en forme de petit conifère) fait de feuilles de banane roulées et décoré avec des œillets d'Inde jaunes et d'autres fleurs. Le tout est entouré de ficelles blanches. Le jour du Soukhouan choisi, on confectionne un pha kouan 'plateau ou repas de l'âme', sur lequel sont piqués des cornets de feuilles de bananiers remplis de fleurs. Le Pha Kouan contient aussi, alcool, œufs, gâteaux de riz, argent, cierges et fils de coton. Les invités apportent des Pha Kouan semblables ou plus petits ou encore de simples coupes remplies de riz et de fleurs. Ceci a pour but d'attirer les esprits errants et de les inviter à demeurer avec nous.
Cet arrangement est déposé dans un plateau d'argent remplie de riz mondé. Le tout est déposé sur une natte au centre de la pièce.
La cérémonie peut alors commencer, cierges et baguettes d'encens sont allumés.
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Le chef du village (maw phawn), genre de chaman, est généralement un ancien ayant une expérience monacale derrière lui, un prêtre défroqué portant le titre de thit ou chane (grade de bonzes ayant quitté les ordres).
Il présidera le rituel et il demandera des bénédictions pour les invités. Il appellera également les forces de l’âme à l’unification en implorant leur retour par des chants pali et lao :

« Venez énergies de l’âme par la voie que nous avons ouverte pour vous,
par ce chemin que nous avons bien nettoyé. Revenez à la maison ! »

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Très émouvant ce moment où le père de Phat me noue des ficelles en faisant des prières pour moi.

Tous les participants joignent alors les mains dans un geste de prière, les paumes réunies. Durant la psalmodie, chacun se penche en avant pour toucher la base du phakhuan. On peut aussi toucher le coude ou l’épaule d'une personne qui a accès à cette base et l'on forme ainsi une chaîne humaine. De nombreuses ficelles blanches sont alors nouées aux poignets de l’invité, le tout accompagné d'une courte récitation de bons vœux.
À la fin, l’invité possède une belle collection de cordons blancs autour de chaque poignet. Il doit les conserver pendant au moins trois jours, laissant se détacher ceux qui tombent spontanément.
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Moments très touchants de prières et d’invocations pour demander, pour l’étranger invité, protection, bonheur et prospérité. Quel temps privilégié pour lequel j’ai plein de gratitude.

Une gorgée  de lao lao, liqueur traditionnelle de riz et une nourriture abondante (dont le poulet sacrifié pour l’occasion) feront suite à la cérémonie et termineront le rituel .

Le Baçi est la cérémonie lao par excellence. On manifeste alors toute sa joie de vivre et sa générosité. Grandiose ou modeste mais toujours ardent et sincère, le Baçi accueille aussi bien les personnalités officielles que les simples visiteurs.

Par le Baçi, on souhaite bonne santé et longue vie à l'enfant qui vient de naitre, au malade qui vient de guérir, à la personne qui va entreprendre un voyage ou qui rentre dans son foyer.

      « Ce qu’enseigne le grand père, l’enfant doit le conserver dans son cœur ! »

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Les Khamus sont 600,000 au Laos. Cette importante minorité vit de l’agriculture et de la chasse.
Le travail des champs est accompli en groupe afin de réunir force et rapidité.
La récolte du riz sauvage est faite par les femmes. Le riz est entreposé à l’extérieur du village à l’intérieur de huttes élevées à l’abri des rats et des souris.

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Les villageois croient qu’une demeure khamu et ses alentours sont occupées par les esprits des lieux. Le village entier est entouré de clôtures avec trois ou quatre portes d’entrée. De petits autels à l’extérieur protègent des tempêtes et du feu.

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Les trois frères ne connaissent pas encore leur futur. Pour le moment Phat travaille à Luan Prabang, son frère plus jeune est novice pour pouvoir compléter ses études et le tout petit dernier se prépare fièrement à entrer lui aussi au temple comme novice. Il est peu probable qu'ils reviennent vivre dans le village de leur enfance.

                                                                                              Les aînés sont les gens les plus importants du village. Ce sont eux qui président les cérémonies rituelles et résolvent les disputes locales.

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Dans le passé, chaque famille Khamu avait son animal totem de protection.
Leurs cimetières sont divisés en quatre sections : les morts naturelles, les morts accidentelles, les enfants et enfin les gens décédés loin du village.

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La vie du village est très paisible. Tous sont là assis par terre dans la rue, en ce chaud après-midi, à parler doucement de l'évènement du jour : la venue de l'étranger du Canada.

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Les ainés sont respectés et très écoutés. Ils véhiculent pleins de superstitions et de croyances animistes.

La culture Khamu est traditionnellement transmise le soir autour du feu.

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Le soleil commence sa descente. Le jeune frère novice doit rejoindre le Mékong  pour traverser et rentrer au temple. Et hop la moto sur le traversier de fortune et chacun rentre chez soi.

 

 






 



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