Cambodge : L'histoire de Pin et de Sina et de leur famille.
Je rencontre la maman de Pin qui a 50 ans. Toute sa vie elle travaillé fort. Son conjoint l'a abandonnée avec ses deux fils en bas âge dont l'ainé souffrait d'un retard mental. L'ainé habite maintenant à la campagne avec les grands parents fermiers, les aidant à la rizière et avec les animaux.
La maman cohabite avec son fils cadet un taudis d'une pièce infesté de moustiques, sans fenêtres, avec des murs ajourés, un plancher de terre, une seule table pour cuisiner et une boîte en bois pour dormir. Tout est propre et bien rangé.
Pin dort par terre. C'est sans doute une des habitations la plus pauvre que j'ai visité depuis mes 10 ans de visites au Camboge. Je suis sous le choc.
Je comprends maintenant pourquoi Pin hésitait à me conduire à leur case : il havait honte de leur pauvreté.
Pin a 21 ans et sa maman compte sur lui pour survivre. Elle a un petit travail d'entretien dans un restaurant. Elle s'y rend chaque jour à bicyclette dès quatre heures du matin . Il fait noir et elle est craintive d'effectuer seule ce trajet de 30 minutes.
Malgré tout, ils conservent le sourire. L'an passé nous avions offert à Pin de faire réparer sa dentition toute carriée à cause d'une alimentation déficiente.
L'environnement est polué de déchets et les voisins nombreux sont très bruyants . Pin et sa maman doivent utiliser les sanitaires extérieures nauséabondes et la douche malpropre. Ils habitent le tout petit coin à l'extrémité du bâtiment.
Jamais une plainte. Ils conservent le sourire malgré leur grand dénuement.
Je demande à la mère de Pin si elle souhaiterait habiter dans un meilleur environnement. Ses yeux s'illuminent puis s'éteignent: ils n'ont pas l'argent pour s'offrir de meilleures conditions de vie. Je risque et je leur dit qu'on va trouver. Je regarde Pin droit dans les yeux et je lui dis qu'il doit m'aider. Et la maman de rajouter audacieusement qu'elle ne veut plus être là le mois prochain.
Me voilà donc responsable de l'espoir que je viens de faire naître de conditions de vie meilleures pour eux.
Et le miracle se produisit... Après plusieurs jours de recherches, nous trouvons cette magnifique demeure à l'intérieure de laquelle trois soeurs âgées louent des chambres. La plus belle chambre, la chambre en coin avec deux fenêtres devant (en haut à gauche sur la photo) vient de se libérer...c'est pour nous ! Nous assumerons 90 % du loyer pour les 8 prochains mois et 50% pour les autres 4 mois.
Le voeux de la maman de Pin sera exaucé: elle quittera son taudis à la fin du mois soit dans 5 jours.
Ils pourront utiliser ce petit espace cuisine extérieur . À sa première visite, la maman est sceptique : c'est un rêve trop beau pour elle. Elle n'a pas encore compris que nous allions les soutenir financièrement.
Le bail se signe par terre avec l'une des copropriétaires, à la mode du pays. La maman de Pin est confuse face à ce qui lui arrive comme un cadeau inespéré du Bouddha.
C'est là qu'habiteront Pin et sa maman dans moins d'une semaine.
Un rêve se réalise: un changement total de conditions de vie.
Quelques jours plus tard, les voilà installés : une chambre avec un vrai lit, un ventilateur, une toilette et une douche à l'intérieur et deux fenêtres avec vue sur les arbres . Nous achèterons un lit pour Pin afin qu'il ne dorme plus par terre.
Sonsun est venu encourager Pin et sa maman et leur souhaiter bonne chance.
Pin a un travail de maintenance, plomberie et électricité dans un petit hôtel. Il est très appliqué dans son travail.
Sonsun explique à Pin comment organiser sa vie et son budget. De plus, il lui conseille de prendre des cours d'anglais et d'informatique. Il est un peu le grand frère que Pin aurait souhaité avoir.
Pin écoute attentivement les propos de Sonsun et il suivra ses bons conseils.
J'ai célébré mon anniversaire en toute simplicité avec Pin, sa maman et Kimkhorn (que nous soutenons dans ses études universitaires). Grâce à votre générosité, nous avons pu faire une différence dans la vie de ces belles personnes.
J'ai trouvé un travail d'entretien ménager à Pisey dans un petit hôtel. Elle travaille le jour et étudie le soir : cours d'anglais et formation universitaire. J'ai dû la convaincre que ce n'était pas un travail dégradant que je lui avait trouvé. Ça lui permet de gagner 60$ par mois et d'étudier le soir.
Notre soutien lui permet donc d'envisager un futur plus prometteur.
Sina a maintenant 23 ans. Il est le père d'un mignon petit garçon. Sur la photo, il est en compagnie de deux de ses trois frères : Sinin et Sinan. Je l'ai connu il ya 15 ans à l'orphelinat où il se trouvait avec ses trois frères et sa soeur. Leurs parents étaient décédés subitement la même année.
Sur la photo, c'est l'arrivée en 2000 à l'orphelinat Krousar Thmey (la grande famille). Sina est à droite avec la chemise rayée. Sinan est à gauche et Sinin à ses côtés avec leur grand frère au centre et la petite soeur devant.
Plus tard, Sina jouait le tambour pour le groupe musical de l'orphelinat.
Sina avec son frère Sinan et sa petite soeur quelques années plus tard.
Sina se sentait seul et incompris à l'orphelinat.
Sina, sa conjointe et leur fils dans la modeste case qu'ils habitent avec les deux frères.
Ils vivent à 5 dans une seule pièce.
Le repas tout simple se prend par terre : du riz, du poulet et des fruits.
Ce jour là, au marché, on offre un lapin-vélo à Sina pour son fils.
Toute la famille a aussi besoin de chaussures.
Comme la case de Sina est éloignée, nous achetons des vélos aux deux frères pour permettre à Sinan d'aller travailler et à Sinin de se trouver un boulot.
Au retour, un petit arrêt pour permettre à ces gamins de la rue de partager un petit repas de riz et de poulet.
À bicyclette, jour et nuit, ils parcourent les sacs à ordures de la ville pour y récupérer cannettes et bouteilles plastiques pour lesquelles ils obtiennent quelques riels.
Leur donner de l'argent serait les encourager à rester dans la rue. Pas facile de se restreindre ainsi dans son aide.
Il est difficile à un homme rassasié de croire qu'un autre a faim.
Proverbe africain