Phnom Krom au Cambodge : la pagode, le temple et l'école du village

2 mars 2013

Le village de Phnom Kron est situé à 12 kilomètres au Sud-Ouest de Siem Reap (Angkor) au Cambodge.

À cet endroit à proximité du Tonle Sap (le plus grand lac d'eau douce d'Asie du Sud-Est), les terres sont inondées à la saison des moussons. Les champs deviennent un grand lac. La superficie du lac pendant la saison sèche (février à mai), est d'environ 2,700 km2 pour une profondeur d'environ un mètre. Elle se voit quasimement multipliée par six quand arrive la saison des pluies. On estime que la surface du lac peut alors atteindre 16,000 km2 et sa profondeur 9 mètres, noyant rizières et forêts.

Ce qui est aujourd'hui rizière et cultures était hier un lieu recherché pour la pêche.

Phnom Krom est un morne rocheux de 140 mètres. En saison sèche, le sol environnant encore humide est jonché de fleurs de lotus.

La fleur de lotus que l'on offre au Bouddha émerge de l'eau trouble dans toute sa pureté.

Sous la fleur, les graînes de repousse en assurent son immortalité. Elles sont un régal à l'heure de la collation .

Au sommet du morne Krom, on retrouve une pagode et un temple khmer de plus de 1000 ans d'âge.

Dès mon arrivée à la pagode, je suis immédiatement interpelé par un bonze. Ce n'est pas la coutume au Cambodge. C'est nous habituellement qui allons doucement et respectueusement vers eux.

Le moine me demande d'incrire mon nom et mon pays d'origine dans un petit carnet. Plusieurs noms de visiteurs étrangers avec un montant d'argent y figurent déjà . J'ai compris : c'est une sollicitation pour contribuer à la réfection de la toiture. J'accepte et on me promet que mon nom sera peint sur les murs de la salle commune en tant que généreux donateur.

Devant le Bouddha et ses disciples, avant de visiter le temple khmer, je casse la croute avec Khimkorn étudiant universitaire que nous supportons depuis cette année. Il me servira d'interprète et de guide. Il adore le poulet frit. Comme je ne veux pas risquer d'acheter sur la rue des fritures dont je ne connais pas la provenance ni la fraîcheur. Je dois m'en remettre au PFK du colonel qui a un resto à Siem Reap. C'est la pollution venant de l'étranger qui n'a rien à voir avec la délicieuse cuisine locale. Ça dépanne mais ça ne nourrit pas sainement.

Le sanctuaire hindou situé au sommet était dédié à Shiva, Vishnu et Brahma.

Le temple a été construit à la fin du 9 ie siècle sous le règne du roi Yasovarman.

La tour du Sud est dédiée à Brahma le dieu créateur.

Celle du centre honore Shiva, le dieu de la créativité et des paradoxes, de la vie et de la mort.

La tour du Nord est pour Vishnou, le dieu de la méthamorphose.

Les tours sont construites en grès. L'érosion a fait disparaître la plupart de leurs sculptures.

C'est maintenant la descente vers le village très pauvre de Phnom Krom.

Devant la pagode, c'est l'école que je visite annuellement.

En été, le village est complètement innondé et les pâturages deviennent un grand plan d'eau.

Le village de Phnom Krom est très pauvre. C'est actuellement la saison sèche et très chaude. Il peut faire jusqu'à 40C.

Les cases qui abritent plusieurs générations des familles nombreuses sont très modestes . Elles sont construites sur pilotis à cause des inondations de la mousson.

Les rues sont très poussiéreuses . Nombreuses sont les maladies respiratoires des habitants de ce village.

Les vaches ont appris à se ranger pour laisser passer vélos, motos et autres véhicules.

Il y a des enfants partout. 50% de la population est en bas de 20 ans et 80% agricole.

On vient d'ajouter un nouveau pavillon à l'école du village.

C'est l'heure de la gymnastique rythmée pour certains,

de la récréation et des jeux pour un autre groupe

et des cours traditionnels pour la majorité des élèves. L'intégration au groupe de jeunes est très facile. Ils sont très réceptifs et veulent tout savoir sur les "barangs" (nom donné aux touristes étrangers).

La directrice est en poste depuis trente-trois fidèles années de service avec des conditions de travail et de salaire peu enviables. Elle prend son rôle bien au sérieux . C'est un peu la maman de l'école.

Quant au professeur, afin de pouvoir survivre financièrement, il doit faire comme la majorité de ses confrères : n'offrir que 50% de la matière aux élèves à l'école publique et l'autre 50% ailleurs dans une salle ou chez lui, moyennant une légère contribution financière de chaque étudiant. C'est donc dire que les enfants des familles très pauvres du Cambodge ne pourront pas assister à cette deuxième partie de cours. Ils auront donc un échec aux examens et ne pourront pas accéder à un niveau supérieur d'éducation.

On s'échange des cadeaux. Ils chantent des chants traditionnels et je leur offre des drapeaux et des friandises.

Puis chacune et chacun reçoit de notre part le matériel scolaire de base nécessaire.

C'est pour eux tout un évènement. Ils promettent de façon solennelle de travailler fort et de réussir leur année d'études.

Madame la directrice que je connais depuis plusieurs années m'annonce qu'elle prendra une retraite bien méritée l'an prochain.

La grand-maman est très fière de ses deux petits-enfants qui fréquentent son école.

Elle me dit que lorsque l'on s'est connus, les deux enfants n'étaient pas encore nés.

Le tuk-tuk nous ramène en ville à Siem Reap. C'est la fin de la journée. Tout le monde rentre à la maison.

On rapporte l'herbe pour les vaches et le bois pour cuire la nourriture tandis que M. le Porc rentre fièrement chez-lui après avoir fait un bon travail d'ensemencement des truies du voisinage. Tout se fait en moto ou à vélo.

J'apprécie que Kimkhorn m'ait accompagné. Il est fier d'avoir contribué à rendre des jeunes heureux. Il m'a servi d'interprète toute la journée. Je désire qu'il apprenne le partage et qu'il pratique la loi du retour. Nous le soutenons financièrement dans ses études à l'Université depuis janvier et nous continuerons pour les 4 prochaines années. Il doit lui aussi, en signe de gratitude, aider les gens dans le besoin autour de lui. Il est très courageux : lever à 4h le matin pour aller au travail jusqu'à 14h; retour à la maison pour aider sa mère et cours à l'université tous les jours de 18h à 21h.