7 décembre 2006
Le mariage au Vietnam
Les concepts sur le mariage se différencient selon les périodes de l’histoire, ou selon les régions du Vietnam. Les rites aussi ne sont pas les mêmes pour les 54 ethnies, vu leurs cultures et leurs modes de vie. Le mariage des Viet, principal groupe ethnique du pays (85 %), a été largement influencé par la culture chinoise.
Le rôle des parents
Jadis, les parents avaient pleins pouvoirs dans toutes les questions concernant la vie de famille. C’étaient eux qui décidaient du choix des partenaires pour leurs enfants. En général, les parents souhaitaient (et souhaitent toujours) trouver une bonne famille, d’un même niveau de vie que le leur (ou meilleur), dont le fils ou la fille, bien éduqué(e), ferait un parfait compagnon de vie pour leur progéniture. Il arrivait souvent que les mariés ne se connaissaient pas avant le mariage. Dans ce cas, une entremetteuse servait d’intermédiaire entre les deux familles.
Afin d’assurer le bonheur des jeunes couples, et surtout de leurs propres enfants, les parents affichaient certains critères dans le choix des mariés :
La mariée :
Pour être une épouse parfaite, une jeune fille doit posséder les quatres vertus Cong, Dung, Ngon, Hanh. Cong - les travaux ménagers : Dans une société confucianiste, les jeunes filles sont susceptibles d’assumer toutes les tâches domestiques, y compris la couture, la broderie, le tissage, le tricot, l’élevage des animaux (volaille, bétail...) avec une rapidité et une efficacité sans failles. Les sages disaient " On devient riche avec l’aide de ses amis et honorable grâce à sa femme". C’est pourquoi une femme était considérée comme une générale de l’intérieur. Dung - la beauté : Malgré le dicton "La vertu a raison sur la beauté", personne ne veut avoir une femme difforme ou ayant une apparence désagréable. Les parents souhaitaient trouver une bru de bonne santé pour assurer la continuation de leur lignée. Ngon - la parole : La femme de l’ancienne société n’avait aucune voix au chapitre. En plus, elle devait obéir à son mari comme à ses parents, choisir les bons mots et être polie envers tout le monde. Hanh - la bonne conduite : En dehors de sa propre famille, la bonne épouse était obligée de s’occuper des vieux parents et d’être en bons termes avec tous les membres de sa belle famille.
Le marié :
Le jeune homme avait plus de chance que la jeune fille ; on ne lui demanderait que du courage, une bonne conduite et l’intelligence si possible (ce dernier critère était sans importance dans le cas des paysans et des gens de famille modeste).
Tam thu, luc le - Les trois lettres, les six rites
Selon les coutumes anciennes de la Chine, le mariage était organisé en plusieurs étapes avec "les trois lettres et les six rites". Les trois lettres sont des lettres écrites par les parents du fiancé et adressées à la famille de la fiancée durant toute la période de préparation du mariage. Les six rites constituent les cérémonies du mariage par lesquelles les jeunes doivent passer pour devenir époux.
Dans le contexte de la société féodale, l’entremetteuse joue un rôle important pour les relations entre les deux familles. C’est elle qui se renseigne sur la famille de la jeune fille, sur la jeune fille elle même et rapporte les informations recueillies à la famille du jeune homme. Si la fille est choisie, les parents du jeune homme chargeront l’entremetteuse d’exposer leurs intentions à la future belle famille. Dès lors, l’entremetteuse remet une première lettre qui sert d’introduction, exprimant l’intention de la famille du jeune homme de nouer des relations plus étroites avec celle de la jeune fille. Avec le consentement de la famille de la fiancée, la famille du jeune homme arrive à une date fixée d’avance par les deux côtés. C’est le premier rite, le Nap Thai ou Cham Ngo, où la famille du fiancé appore les présents rituels du mariage chez la mariée.
Le deuxième rite est le Van Danh, la cérémonie d’échange des noms avant les fiançailles. La famille du fiancé choisit un jour faste et recourt une fois encore à l’entremetteuse pour apporter des présents, accompagnés d’une deuxième lettre, à la famille de la fiancée afin de demander le nom, le prénom et la date de naissance de la jeune fille. Les présents se composent en général de thé, de vin, de pâtisseries, de feuilles de bétel et de noix d’arec. Les parents consultent l’horoscope et décident si les deux jeunes gens sont faits l’un pour l’autre ou non.
Au Nap Cat, le troisième rite, devant l’autel, les deux familles informent les ancêtres que les jeunes gens peuvent former un beau couple et sont prêts pour le mariage.
Arrive en quatrième période le Nap Trung, ou les fiançailles. En plus des présents rituels déjà cités s’ajoutent les bijoux pour la mariée, une paire de bougies rouges gravées d’un dragon (symbolisant le marié) et d’un phénix (pour la mariée), et une somme d’argent. Les présents sont mis dans des boîtes rondes laquées rouges, le nombre de ces boîtes doit être un chiffre pair. Les deux bougies seront allumées et dressées sur l’autel des ancêtres au début de la cérémonie. L’argent représente la contribution de la famille du marié aux achats des objets personnels de la mariée et au banquet organisé à cette occasion.
La troisième et dernière lettre sera adressée au Thinh Ky, le cinquième rite, où la famille du marié demande la confirmation du jour et de l’heure choisis pour la cérémonie principale, le mariage. Les présents tels que le thé, le vin et les pâtisseries accompagnent la lettre.
Enfin, arrive le rite le plus solennel et le plus important de tous : le Than Nghinh ou Vu Quy, soit le mariage lui-même.
Plus le mariage est organisé solennellement, plus il aura une signification profonde et durable dans la vie des couples. Solennel ne veut dire ni coûteux, ni "démonstratif". L’objectif principal est de s’accorder à la morale en préservant les traditions éducatives de la famille.
VO SANG Xuan Lan
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